A l’occasion de la célébration de la journée nationale de la femme Gabonaise,, l’association » LABORATOIRE DE LA FEMME » vous entretient sur un sujet sociétal : les violences faites aux femmes.
Elle vous édifie sur un thème peu connu dans le milieu professionnel « La sidération et la dissociation du cerveau » .
Dans ce contexte, la présidente de ladite Association Marinette MENGUE ME NGUEMA répond à 3 questions récurrentes:
- _Pourquoi les femmes victimes des violences conjugales ne quittent pas leur bourreau ?
- _Pourquoi lorsqu’elles osent partir, reviennent parfois et font souvent des allers et retours ?
- _Pourquoi les proches, l’entourage et les interlocuteurs ont du mal à comprendre cette situation ?
Les violences conjugales ont des conséquences désastreuses sur la santé mentale, psychique et physique de la victime. Des ressorts psychologiques tels que la sidération et la dissociation du cerveau sont mises à l’ œuvre.
Face à des violences importantes, le cerveau entre en état de sidération.
C’est-à-dire que les fonctions qui permettent d’agir, de réagir, d’analyser les violences, et de les interpréter, vont être bloquées. Le cerveau n’est plus réceptif. On arrive à une paralysie des fonctions supérieures.
La victime va se retrouver comme paralysée, et cette paralysie va engendrer un discours désorienté chez la victime.
Parfois, la victime tiendra:
- un discours de confusion : je ne peux pas quitter mon foyer pour des raisons économiques, matérielles, la présence des enfants.
- Un discours de dénie : Il ne m’est rien arrivée de grave, elle transforme la réalité et trouve des excuses au bourreau
- Un discours de médiation : Quand elle s’exprime, elle dit mon mari, mon conjoint, mon compagnon me bat .Elle ne dit pas, le mari, le conjoint, le compagnon. Il faut bien analyser ce discours.
- Cet homme, qui lui fait du mal,. n’est pas un étranger, c’est un proche, et ce n’est pas n’importe quel proche. C’est pas un frère, un cousin, un ami, c’est son amour.
Par conséquent, quand on dit à une femme victime de violences de quitter son foyer, elle va prendre la fuite et vous interprête comme un destructeur de son environnement social et familial; on devient son ennemi .
Car elle ne peut pas intégrer ce discours. Elle demande de l’aide pour trouver une solution à la survie de son couple et non pour le quitter.
Ces discours sont la conséquence d’un cerveau détérioré.
Cela va expliquer pourquoi elle va partir « je t’aime mais je te quitte elle cherche à se mettre à l’abri des violences, malheureusement subsiste un lien d’attachement, son amour lui manque, elle va revenir et fera des allers et retours.
C’est à ce moment que les proches, les interlocuteurs doivent réagir, car elle a encore la parole, bien qu’elle soit désorientée.
Qu’est ce qui se passe ?
Avec la répétition des violences et les fonctions supérieures bloquées, le cerveau entre en état de dissociation. C’est un processus par lequel une personne peut se sentir déconnectée de ses pensées, sentiments, souvenirs ou même de son identité.
Les émotions de la victime vont s’éteindre, elles vont s’endormir et la victime se retrouve comme anesthésiée. Les violences sont là, mais elle ne va plus rien ressentir.
Le fait que la victime soit privée de ses émotions, va l’empêcher de pouvoir réagir, se plaindre, de demander de l’aide, se barrer ,de trouver des solutions, et elle va rester sous l’emprise de l’ agresseur qui va pouvoir faire d’elle ce qu’il veut.
Cette paralysie et anesthésie physique et émotionnelle vont faire en sorte que les proches, les interlocuteurs vont avoir du mal à comprendre la victime. C’est à travers les émotions que nous comprenons autrui, à travers un simple regard, nous savons si la personne est joyeuse ou malheureuse . Mais si la victime ne ressent plus rien, elle parle de son enfer avec indifférence « mon mari me bat tous les jours », sans aucune émotion, comme si c’était normal, l’entourage ne recevra aucun signal de danger, et ne va pas s’inquiéter. Personne ne pourra lui venir en aide, ainsi, la victime va pouvoir être de plus en plus en danger.
Les victimes de violences conjugales ne se défendent pas, c’est pas parcequ’elles sont en incapacité de se défendre, c’est en raison du fait que le cerveau se met en mode sidéré et dissocié.
La sideration et la dissociation du cerveau, peu connues dans le milieu professionnel, expliquent pourquoi les femmes peuvent rester longtemps avec un bourreau.
Les conséquences sont universelles.
Les violences conjugales, qu’elles soient physiques ou non, sont mortelles, car si on ne meurt pas psychosomatiquement, on meurt physiquement.
Face à ce fléau sociétal :
- Comment aider ces femmes qui ne sont plus capable d’évaluer la gravité de ce qu’elles sont entrain de vivre ?
- Comment réparer le cerveau qui a été endommagé ?
Bonne nouvelle, le phénomène est réversible.
La cerveau est réparable, la mémoire se traite et le circuit neurologique se remet à fonctionner.
La violence conjugale à l’égard de la femme est un fléau qui impose une réelle mobilisation de toutes et de tous.
Car prendre soin de la femme, c’est prendre soin de l’humanité.
L’association » Laboratoire de la femme dit STOP aux violences conjugales.